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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/147

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d’Égypte, il y épousa la fille du sénateur Sémonville, mariée depuis au maréchal Macdonald. Ce mariage le jeta dans les intrigues du Manège, et le fit nommer général en chef de l’armée d’Italie après la défaite de Scherer. Il fut tué à la bataille de Novi. Il était jeune encore, et n’avait pas acquis toute l’expérience nécessaire. Il eût pu arriver à une grande renommée. »

À huit heures et demie, l’Empereur m’a fait appeler : il avait été obligé de se mettre au bain, m’a-t-il dit, et croyait avoir un peu de fièvre. Il s’était senti subitement enrhumé ; mais il ne toussait plus depuis qu’il était dans l’eau ; il y était depuis longtemps. Il y a dîné ; on a dressé pour moi une petite table à côté. L’Empereur est revenu sur l’histoire de Russie. « Pierre-le-Grand, disait-il, avait-il bien fait de fonder une capitale à Pétersbourg à si grands frais ? N’eût-il pas obtenu de bien plus grands résultats s’il eût dépensé tout son argent à Moscou ? Quel avait été son but ? l’avait-il atteint ? » Je répondais : « Si Pierre fût resté à Moscou, sa nation fût demeurée moscovite, un peuple tout à fait asiatique ; il avait fallu la déplacer pour la réformer et la changer. Alors il s’était transporté sur les frontières mêmes enlevées à l’en-