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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/191

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bre massacrer l’un d’entre eux pour avoir volé durant leurs exécutions. Ce terrible évènement, continuait l’Empereur, était dans la force des choses et dans l’esprit des hommes. Point de bouleversement politique sans fureur populaire, point de danger pour le peuple déchaîné sans désordre et sans victimes. Les Prussiens entraient ; avant de courir à eux, on a voulu faire main basse sur leurs auxiliaires dans Paris. Peut-être cet évènement influa-t-il dans les temps sur le salut de la France. Qui doute que dans les derniers temps, lorsque les étrangers approchaient, si on eût renouvelé de telles horreurs sur leurs amis, ils eussent jamais dominé la France ? Mais nous ne le pouvions, nous étions devenus légitimes ; la durée de l’autorité, nos victoires, nos traités, le rétablissement de nos mœurs avaient fait de nous un gouvernement régulier ; nous ne pouvions nous charger des mêmes fureurs ni du même odieux que la multitude. Pour moi, je ne pouvais ni ne voulais être un roi de la Jaquerie.

Règle générale : jamais de révolution sociale sans terreur. Toute révolution de cette nature n’est et ne peut être dans le principe qu’une révolte. Le temps et les succès parviennent seuls à l’ennoblir, à la rendre légitime ; mais, encore une fois, on n’a pu y parvenir que par la terreur. Comment dire à tous ceux qui remplissent toutes