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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/200

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les frais : aussi recueille-t-elle déjà le fruit de la reconnaissance du continent, et des bévues ou de la trahison de son négociateur. On continue mon système continental ; on réprouve, on exclut les produits de ses manufactures : au lieu de cela, pourquoi n’avoir pas bordé le continent de villes maritimes libres et indépendantes ? celles, par exemple, de Dantzick, Hambourg, Anvers, Dunkerque, Gênes et autres, qui fussent demeurées les entrepôts obligés de ses manufactures, dont ils eussent inondé l’Europe en dépit de toutes les douanes du monde. Elle en avait le droit et le besoin ; ses décisions eussent été justes : et qui s’y fût opposé au moment de la libération ? Pourquoi s’être créé un embarras, et, avec le temps, un ennemi naturel, en unissant la Belgique à la Hollande, au lieu d’avoir ménagé deux immenses ressources à son commerce, en les tenant séparées ? La Hollande, qui n’a point de manufactures, était le dépôt naturel de celles de l’Angleterre, et la Belgique, devenue colonie anglaise sous un prince anglais, eût été la route par laquelle on en eût constamment inondé la France et l’Allemagne. Pourquoi n’a-t-on pas plié l’Espagne et le Portugal à un traité de commerce à long terme, qui eût repayé de tous les frais qu’on a faits pour leur délivrance, et qu’on eût obtenu sans peine d’affranchir leurs colonies, dont, dans les deux cas, on eût fait tout le négoce ? Pourquoi n’a-t-on pas stipulé quelque avantage dans la Baltique et vis-à-vis les États d’Italie ? C’était là comme autant de droits régaliens de la souveraineté des mers. Après s’être battu longtemps pour en soutenir le droit, comment en négliger les bénéfices, quand elle se trouvait consacrée de fait ? Est-ce qu’en sanctionnant l’usurpation dans les autres, l’Angleterre eût pu craindre qu’aucun osât se refuser à la sienne ? Et qui l’eût pu ? Je m’attendais à quelque chose de la sorte. Peut-être le regrettent-ils aujourd’hui qu’il est trop tard, car ils ne sauraient plus y revenir, ils ont manqué le moment unique !… Que de pourquoi encore j’aurais à multiplier !… Lord Castlereagh seul pouvait agir ainsi ; il s’est fait l’homme de la sainte-alliance : avec le temps, il sera maudit. Les Lauderdale, les Grenville, les Wellesley et autres, eussent traité bien différemment ; c’est qu’ils eussent été les hommes de leur pays, etc. »

L’Empereur disait encore une autrefois : « La dette est le ver rongeur de l’Angleterre ; c’est la chaîne de tous ses embarras, car c’est elle qui force à l’énormité des taxes. Celles-ci font hausser le prix des denrées ; de là la misère du peuple, le haut prix du travail et celui des objets manufacturés, qui ne se présentent plus avec le même