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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/209

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servit pour sonder l’opinion des huguenots ; et lorsqu’il réunit au conseil de Beauvais les principaux des religionnaires pour délibérer sur le parti à prendre, la majorité, et surtout les meilleures têtes, conseillèrent au roi d’abjurer et de rentrer dans le parti de la nation. Henri abjura à Saint-Denis, il reçut l’absolution des évêques ; la capitale lui ouvrit ses portes, et son autorité fut reconnue de tout le royaume. Henri se rallia de bonne foi au parti national ; presque tous les emplois furent occupés par les ligueurs. Les religionnaires, ceux qui l’avaient constamment servi, et auxquels il devait ses victoires, firent entendre souvent leurs plaintes ; ils le taxèrent d’ingratitude ; cependant, malgré tous ces ménagements, la nation fut longtemps en défiance des intentions secrètes de Henri. La caque sent toujours le hareng, disait-on.


CHAPITRE II..
La république consacrée par la volonté du peuple, par la religion, par la victoire et par toutes les puissances de l’Europe..

Hugues Capet monta sur le trône par le choix du parlement, composé des seigneurs et des évêques, ce qui formait alors la nation. La monarchie française n’a jamais été absolue ; l’intervention des États-généraux a toujours été nécessaire pour les principaux actes de la législation et pour octroyer de nouvelles impositions. Depuis, les parlements, se prétendant les États-généraux au petit pied, secondés par la cour, usurpèrent les droits de la nation. En 1788, les parlements furent les premiers à le reconnaître ; Louis XVI convoqua en 1789 les États-généraux, et la nation rentra dans l’exercice d’une portion de la souveraineté. L’Assemblée constituante donna à l’État une nouvelle constitution, qui fut sanctionnée de l’opinion de toute la France ; Louis XVI l’accepta et jura de la maintenir ; l’Assemblée législative suspendit le roi : la Convention, formée des députés de toutes les assemblées primaires du royaume, et revêtue de pouvoirs spéciaux, déclara la monarchie abolie et créa la république. Tout ce qui tenait au parti royal quitta la France et appela le secours des armées étrangères. L’Autriche et la Prusse signèrent la convention de Pilnitz. Des armées autrichiennes et prussiennes, ayant avec elles l’armée des princes, commencèrent la guerre de la première coalition pour soumettre le peuple français. La nation tout entière courut aux armes : l’Autriche et la Prusse furent vaincues. Depuis, l’Autriche, l’Angleterre, la Russie formèrent la deuxième coalition : cette