Aller au contenu

Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

agréablement. Les circonstances particulières de la signature du contrat de mariage firent penser à l’empereur Alexandre qu’il avait été joué par la cour des Tuileries ; qu’elle avait à la fois mené de front deux négociations. Il se trompait : la négociation avec Vienne commença et finit dans un jour[1]. La naissance d’aucun prince ne produisit plus d’ivresse dans une nation et plus d’effet dans l’Europe, que la naissance du roi de Rome : au premier coup de canon annonçant la délivrance de l’impératrice, tout Paris resta en suspens, dans les promenades, dans les rues, dans l’intérieur des maisons, dans les assemblées publiques. La population tout entière fut occupée à compter le nombre de coups de canon ; le 22e excita l’ivresse générale : il était d’usage de tirer 21 coups de canon pour la naissance d’une princesse, et 101 pour celle d’un prince. Toutes les puissances de l’Europe s’empressèrent d’envoyer les plus grands seigneurs de leurs cours pour complimenter l’Empereur. L’empereur de Russie envoya son ministre de l’intérieur ; l’empereur d’Autriche, le comte Clary, l’un des grands officiers de sa couronne : il apporta au jeune roi le collier en diamants de tous les ordres de la monarchie autrichienne. Le baptême du roi de Rome fut

  1. Le bruit est assez généralement répandu que le mariage de l’archiduchesse Marie-Louise avec l’Empereur Napoléon a été un des articles secrets du traité de Vienne : cette opinion n’est pas fondée. Le