Aller au contenu

Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette nature furent contractées avec des princes souverains d’Allemagne, de la maison d’Hohenzollern. Ces mariages sont heureux ; de tous sont nés des princes et princesses qui en transmettront le souvenir aux générations futures.

Lorsque les intérêts de la France et de l’empire portèrent l’Empereur et l’impératrice Joséphine à rompre les liens qui leur étaient également chers, les plus grands souverains de l’Europe briguèrent l’alliance de Napoléon : sans des difficultés religieuses, et les retards occasionnés par la distance, il est probable qu’une princesse de Russie aurait occupé le trône de France. L’archiduchesse Marie-Louise, mariée à l’empereur Napoléon par procuration donnée au prince Charles, à Vienne, le 11 mars 1810, et à Paris, le 2 avril suivant, monta sur le trône de France. Ce mariage combla de joie les peuples de la France et de l’Autriche. Aussitôt que l’empereur d’Autriche eut appris à Vienne qu’il était question du mariage de l’empereur Napoléon, il témoigna sa surprise qu’on ne pensât pas à sa maison. Il n’était question que d’une princesse de Russie ou de Saxe. L’empereur François s’en expliqua avec le comte de Narbonne, gouverneur de Trieste, qui dans ce moment était à Vienne. Des instructions à ce sujet avaient été envoyées par le cabinet de Vienne au prince de Schwartzemberg, son ambassadeur à Paris. Un conseil privé fut convoqué aux Tuileries, en février 1810 ; le ministre des relations extérieures y communiqua les dépêches du duc de Vicence, ambassadeur en Russie : il en résultait que l’empereur Alexandre était très disposé à donner sa sœur, la grande duchesse Anne, mais paraissait attacher de l’importance à ce qu’il lui fût accordé le public exercice de son culte et une chapelle du rite grec. Les dépêches de Vienne firent connaître les insinuations et les désirs de cette cour. Il y eut partage d’opinions : l’alliance de la Russie, celle de la Saxe, celle de l’Autriche furent appuyées. Le vote de la majorité du conseil fut pour le choix d’une archiduchesse d’Autriche. Comme le prince Eugène avait été le premier à ouvrir cette opinion, l’Empereur, levant la séance à deux heures du matin, l’autorisa à en faire l’ouverture au prince de Schwartzemberg : il autorisa en même temps le ministre des relations extérieures à signer, dans la journée, avec l’ambassadeur d’Autriche, les conventions du mariage ; et pour lever toutes difficultés pour les détails, il l’autorisa à signer, mot pour mot, le même contrat que celui de Louis XVI et de l’archiduchesse Marie-Antoinette. Le prince Eugène vit dès le matin le prince de Schwartzemberg ; le contrat fut signé dans la journée : le courrier qui porta cette nouvelle à l’empereur d’Autriche le surprit