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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/220

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Ces conditions excessives n’étaient mises en avant que pour être refusées. Le duc de Vicence se rendit au congrès de Prague. Le choix du plénipotentiaire russe, le baron d’Anstetten, fit entrevoir que ce n’était point la paix que voulait la Russie, mais donner le temps à l’Autriche de terminer ses préparatifs militaires. En effet, le mauvais augure qu’on avait tiré du choix de ce négociateur se confirma ; il ne voulut entrer dans aucune conférence ; l’Autriche, qui s’était prétendue médiatrice, déclara son adhésion à la coalition, quand son armée fut prête, sans même avoir exigé l’ouverture d’une seule séance ou rédigé un seul protocole. Ce système de mauvaise foi et de contradictions perpétuelles entre les actions, les paroles et les actes publics, fut constamment suivi par la cour de Vienne à cette époque. La guerre recommença. La victoire éclatante remportée par l’Empereur à Dresde, le 27 août 1813, sur l’armée commandée par les trois souverains, fut aussitôt suivie par les désastres que les manœuvres de Macdonald en Silésie firent éprouver à son armée, et par la perte de Vandamme en Bohême. Cependant la supériorité restait encore du côté de l’armée française, qui s’appuyait aux places de Torgau, Wittemberg et Magdebourg. Le Danemarck avait conclu un traité d’alliance offensive et défensive, et son contingent augmentait l’armée de Hambourg. En octobre, l’Empereur quittait Dresde pour se porter sur Magdebourg par la rive gauche de l’Elbe, afin de tromper l’ennemi. Son projet était de repasser l’Elbe à Wittemberg, et de marcher sur Berlin. Plusieurs corps de l’armée étaient déjà arrivés à Wittemberg, et les ponts de l’ennemi, à Dessau, avaient été détruits, lorsqu’une lettre du roi de Wurtemberg annonça que le roi de Bavière avait subitement changé de parti, et que, sans déclaration de guerre ni avertissement préalables, les deux armées autrichiennes et bavaroises, cantonnées sur les bords de l’Inn, s’étaient réunies en un seul camp ; que ces 80.000 hommes, sous les ordres du général de Wrède, marchaient sur le Rhin ; que lui, contraint par la force de cette armée, était obligé d’y joindre son contingent, et qu’il fallait s’attendre que bientôt 100.000 hommes cerneraient Mayence ; que les Bavarois avaient fait leur cause de celle de l’Autriche. À cette nouvelle inattendue, l’Empereur crut devoir changer le plan de campagne qu’il avait médité depuis deux mois, pour lequel on avait disposé les forteresses et les magasins, et qui était de jeter les alliés entre l’Elbe et la Saale, et, sous la protection des places et magasins de Torgau, Wittemberg, Magdebourg et Hambourg, d’établir la guerre entre l’Elbe et l’Oder (l’armée française possédait sur cette rivière les places de Glogau,