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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/237

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une route qu’il avait ordonnée sous l’empire : elle n’avait point été exécutée. Il fallut se résoudre à suivre des défilés difficiles et pleins de neige, ce qui lui fit laisser à Grasse, à la garde de la municipalité, sa voiture et deux pièces de canon qu’il avait débarquées : c’est ce que les bulletins d’alors appelèrent une capture.

La municipalité de Grasse était fort royaliste ; mais l’apparition de l’Empereur fut si soudaine, qu’il n’y eut pas moyen d’hésiter, elle vint donc faire sa soumission. L’Empereur traversa la ville, et fut s’arrêter militairement sur une hauteur un peu au-delà ; on y fit halte, et il y déjeuna. Bientôt il y fut entouré de la population de la ville, et il parcourut cette multitude comme il l’eût fait à son cercle des Tuileries. C’étaient la même attitude, les mêmes demandes que s’il n’avait jamais quitté la France. L’un se plaignait de n’avoir pas encore reçu sa pension, l’autre demandait qu’on voulût bien augmenter la sienne ; la croix de celui-ci avait été retenue dans les bureaux ; celui-là demandait de l’avancement, etc. Il lui fallut recevoir une foule de pétitions qu’on avait déjà eu le temps d’écrire, et qu’on lui remettait comme s’il venait de Paris, faisant une tournée dans les départements.