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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/236

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garantir qu’on allait le revoir partout avec plaisir ; que sur toute sa route, jusqu’à Avignon, il n’avait entendu que des regrets de l’avoir perdu ; son nom était publiquement dans toutes les bouches. Il ajoutait que sa belle livrée avait été souvent pour lui un objet de défaveur et d’insulte. Il assura l’Empereur que, la Provence une fois traversée, il trouverait tout le monde sur son passage, prêt à se réunir à lui. C’était là le témoignage d’un homme du peuple : il fut très agréable à l’Empereur, qui avait calculé précisément de la sorte. Le prince de Monaco, amené lui-même, fut moins explicite ; l’Empereur d’ailleurs ne le questionna point sur la politique : il avait des témoins au bivouac, il ne voulait pas s’exposer à entendre aucun détail qui pût laisser de mauvaises impressions sur ceux qui l’entouraient : la conversation ne fut donc que de plaisanterie : elle roula toute sur les dames de son ancienne cour des Tuileries, dont Napoléon s’informait en détail avec beaucoup de gaieté.

Au lever de la lune, vers une ou deux heures du matin, le bivouac fut rompu, et l’on se porta sur Grasse. Là, l’Empereur comptait trouver