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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/244

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de la révolution, se livra au torrent et donna son fameux ordre du jour. Toutefois, ayant présents les souvenirs de Fontainebleau, il écrivit à l’Empereur que tout ce qu’il venait de faire était principalement en vue de la patrie, et que, sentant qu’il avait dû perdre sa confiance, il allait se retirer chez lui ; mais l’Empereur lui fit écrire de venir le joindre, et qu’il le recevrait comme le lendemain de la bataille de la Moskowa. Ney, en revoyant l’Empereur, se montra embarrassé et lui répéta que, s’il avait perdu sa confiance, il ne lui demandait plus qu’une place parmi ses grenadiers. « Il est sûr, disait l’Empereur, qu’il avait été assez mal pour moi ; mais le moyen d’oublier un si beau courage et tant d’actes passés ! Je lui sautai donc au cou en l’appelant le brave des braves, et dès cet instant tout fut comme jadis, etc. »

Le trajet jusqu’à Paris se fit à peu près en poste. Nulle part il n’y avait opposition, ni lutte ni combat ; ce n’était, à l’aspect de l’Empereur, littéralement parlant, qu’un simple changement de décoration théâtrale. Les avant-gardes n’étaient autre chose que les troupes qui se trouvaient en avant sur la route et auxquelles on envoyait des courriers. C’est ainsi que l’Empereur est entré dans Paris, avec les troupes mêmes qui en