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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/251

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Mais…, mais…, disait l’Empereur, quel est le vice de ma logique ? Renversez mes arguments, si vous pouvez ! etc. »

Un de nous s’était offert pour quelque manipulation, il y avait quelques jours, l’Empereur lui a demandé s’il avait enfin obtenu son résultat. L’autre s’est plaint de n’avoir pas les objets nécessaires. « Véritable enfant de la Seine, disait l’Empereur, vrai badaud de Paris, qui vous croyez toujours aux Tuileries. La véritable industrie n’est pas d’exécuter avec tous les moyens connus et donnés, l’art, le génie est d’accomplir en dépit des difficultés, et de trouver par là peu ou point d’impossible. Mais d’ailleurs ici de quoi vous plaignez-vous ? De n’avoir point un pilon, quand le premier barreau de chaise peut vous en servir ? De n’avoir point de mortier ? Mais tout est mortier autour de nous, cette table est un mortier ; une casserole, un chaudron est un mortier ; mon auge…, celle du premier venu… sont des mortiers ; mais véritablement enfant de la Seine, a répété l’Empereur, qui se croit toujours dans la rue Saint-Honoré, au milieu des marchés de Paris ! »

Le grand maréchal a dit alors à l’Empereur que cette circonstance lui rappelait la première fois qu’il avait eu l’honneur de lui être présenté, et les premières paroles qu’il en avait reçues. C’était à l’armée d’Italie, lorsque lui, Bertrand, se rendait en mission à Constantinople. Le jeune général le voyant officier du génie, lui donna une commission relative