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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/315

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donnant à de telles idées qu’on gâte l’esprit public. C’est, du reste, me supposer bien fou ou bien bête, que de croire que si je pouvais faire la paix, je ne la ferais pas.

« C’est à cette opinion que je peux faire la paix depuis quatre mois, mais que je ne le veux pas, que sont dus tous les malheurs de la France. Je croyais mériter qu’on m’épargnât au moins la démonstration de pareils sentiments. »

L’Empereur, revenant à l’époque de Campo-Formio, s’est arrêté sur le comte d’Entraigues, son arrestation, les papiers qu’on lui saisit, les grandes découvertes qu’ils fournirent, l’indulgence avec laquelle il le traita, la déloyauté dont il en fut payé, etc., etc.

Le comte d’Entraigues, homme de beaucoup d’esprit, intrigant et doué d’avantages extérieurs, avait acquis une certaine importance au commencement de notre révolution ; membre du côté droit de la Constituante, il émigra lors de sa dissolution, et se trouvait à Venise sous un titre diplomatique russe, au moment où nous menacions cette ville ; il y était l’âme et l’agent de toutes les machinations qui se tramaient contre la France. Quand il jugea le péril de cette république, il voulut s’évader ; mais il tomba dans un de nos postes, et fut pris avec tous ses papiers.