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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/387

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d’autre embarras que de trouver à se cacher au sein du succès. Aussi je me sentis bien moins choqué de l’entreprise du coupable que de la facilité avec laquelle ceux mêmes qui m’étaient le plus attachés se seraient rendus ses complices. À mon arrivée, chacun me racontait avec tant de bonne foi tous les détails qui les concernaient et qui les accusaient tous. Ils avouaient naïvement qu’ils y avaient été attrapés ; qu’ils avaient cru un moment m’avoir perdu. Ils ne dissimulaient pas, dans la stupeur qui les avait frappés, avoir agi dans le sens des conspirateurs, et se réjouissaient avec moi du bonheur avec lequel ils y avaient échappé. Pas un seul n’avait à mentionner la moindre résistance, le plus petit effort pour défendre et perpétuer la chose établie. On ne semblait pas y avoir songé, tant on était habitué aux changements, aux révolutions ; c’est-à-dire que chacun s’est montré prêt et résigné à en voir surgir une nouvelle. Aussi tous les visages changèrent, et l’embarras de plusieurs devint extrême quand, d’un accent sévère, je leur dis : Eh bien ! Messieurs, vous prétendez et vous dites avoir fini votre révolution ! Vous me croyiez mort, dites-vous ; je n’ai rien à dire à cela… Mais le roi de Rome ! vos serments, vos principes, vos doctrines !… Vous me faites frémir pour l’avenir… Et alors je voulus un exemple