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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/421

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porte ; mais le but et le résultat doivent demeurer tels ; je n’y changerais rien. Je ne prétends point acheter de vous des concessions, mais faire des arrangements raisonnables, honorables et durables ; voilà mon cercle. Vous ne vous doutez, à ce que je vois, ni de nos situations, ni de nos moyens respectifs ; je ne crains ni vos refus, ni vos efforts, ni tous les embarras que vous pourriez me créer ; j’ai les bras forts, je ne demande qu’à porter.

« Ce langage inusité, continuait l’Empereur, eut son effet ; on n’avait prétendu que nous amuser à Amiens, et l’on y traita sérieusement. Ne sachant par où me toucher, ils m’offrirent de me faire roi de France. J’en levai les épaules de pitié. Ils s’adressaient bien… Roi par la grâce de l’étranger !… Moi qui me trouvais déjà souverain par la volonté du peuple !…

« L’ascendant que je m’étais donné était tel, que durant les négociations mêmes je me fis adjuger par les Italiens la présidence de leur république, et que cet acte, qui dans la diplomatie ordinaire de l’Europe eût enfanté tant d’incidents, n’interrompit, n’arrêta rien : on n’en conclut pas moins, tant ma brusque franchise m’avait plus servi que n’eussent pu faire toutes les finasseries d’usage. Bien des pam-