Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/430

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redouter les Bourbons. L’Empereur leur céda, mais tout en exprimant fortement qu’il était bien à craindre qu’eux et lui eussent à s’en repentir !…

Voici encore une autre circonstance peu connue, je crois, mais bien précieuse, qui prouve combien les Bourbons, dans le fort de la crise, occupaient les pensées de Napoléon. Après l’échec de Brienne, l’évacuation de Troyes, la retraite forcée sur la Seine, et les humiliantes conditions envoyées de Châtillon, qu’il repoussa si généreusement, l’Empereur, enfermé avec quelqu’un (le duc de Bassano), et succombant à la vue du déluge de maux qui allait fondre sur la France, demeurait absorbé dans de tristes méditations, quand tout à coup il s’élance de son siège, s’écriant avec chaleur : « Je possède peut-être encore un moyen de sauver la France… Et si je rappelais moi-même les Bourbons ! il faudrait bien que les alliés s’arrêtassent devant eux, sous peine de honte et de duplicité avouée, sous peine d’attester qu’ils en veulent encore plus à notre territoire qu’à ma personne. Je sacrifierais tout à la patrie ; je deviendrais le médiateur entre le peuple français et eux, je les con-