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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/439

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l’hommage était grand, il a dû leur coûter ; et les Turcs, les Persans, n’ont-ils pas prétendu me faire présent d’armes qui auraient appartenu à Gengis-Kan, à Tamerlan, à Schah-Nadir ou autres, je ne sais ; car je crois bien que ce n’est que dans leur seule démarche et leur seule intention qu’il faut prendre la vérité. »

Et comme à la suite de tout cela je terminais par mon grand étonnement qu’il n’eût pas fait des efforts pour conserver l’épée du grand Frédéric : « Mais j’avais la mienne, » a-t-il repris avec une douceur de voix et un sourire tout particuliers, et me serrant légèrement l’oreille. Et au fait il avait raison, je lui disais là une grosse bêtise.

Plus tard, il revenait sur ce qu’il avait voulu et ce qu’il eût dû, disait-il, en se remariant, épouser une Française. « C’était éminemment national, disait-il, la France était assez grande, son monarque assez puissant pour pouvoir négliger toute considération étrangère. D’ailleurs l’alliance du sang entre souverains ne tient pas contre les intérêts de la politique, et, sous ce rapport même, ne prépare que trop souvent des scandales en morale aux yeux des peuples ; puis, c’est admettre une étrangère aux secrets de l’État : elle peut en abuser ; et si