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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/533

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raient de m’envoyer en Europe serait que mon Journal, que je réclamais qui m’y suivît, avait été réclamé en même temps à Longwood : double circonstance, disiez-vous, à laquelle il vous était impossible de satisfaire. Sans doute, Monsieur, que vous avez eu dans votre sagesse de puissants motifs pour laisser subsister cette difficulté, qu’il vous eut été si facile de détruire. Tout vœu, tout mot de Longwood est ma loi suprême : j’eusse renoncé à mes papiers dès que vous me l’eussiez fait connaître, comme aussi on s’y serait peut-être désisté dès que vous auriez donné connaissance de ma résolution. Dans tous les cas, je regarderais comme une obligeance de votre part que vous voulussiez bien y faire parvenir mes dispositions à ce sujet, comme une marque de mon profond et éternel respect, et prévenir toute difficulté ultérieure à cet égard. Du reste, plus je vais et plus je m’étonne de ce qu’une affaire aussi simple et d’aussi peu d’importance que la mienne s’entoure de tant de bruit et de complication. Cela ne servira qu’à propager et à donner plus d’apparence à l’idée que mes deux lettres clandestines n’ont été que le prétexte, et mes autres papiers le véritable motif ; et ce qui gênera surtout toujours votre position morale dans cette affaire, c’est le grand intérêt qu’on vous supposera à retenir mon Journal, dont une portion vous est personnelle. En ne m’envoyant pas en Angleterre, vous confirmez la crainte qu’on vous suppose, que rien d’ici ne transpire dans votre pays. Vous deviez remercier le ciel de l’occasion que je vous donnais de montrer solennellement le contraire à tous les yeux. Je vous avais présenté des moyens qui obviaient à tout. Mais, au demeurant, ceci n’est que moral et du ressort de l’opinion ; ce qui serait plus positif, comme du ressort direct des lois, c’est que vous gardassiez au secret plusieurs mois, jusqu’au retour des réponses d’Angleterre, quelqu’un qui, s’étant retiré de la sujétion volontaire où il s’était placé vis-à-vis de vous, et vous ayant demandé authentiquement de s’éloigner de cette île, s’était réduit à ce dilemme si simple :

Vous exercez sur moi un acte arbitraire. Je vous somme d’observer les lois. Si je ne suis pas coupable, renvoyez-moi ; si je le suis, livrez-moi aux tribunaux, faites-moi juger. Mais vous avez des papiers, dites-vous : si ces papiers sont étrangers à mon affaire, rendez-les-moi ; s’ils en font partie, adressez-les à mes juges, et moi avec eux. Mais ces papiers sont réclamés aussi par une autre personne, dites-vous encore. J’y renonce dès que vous me ferez parvenir son vœu, ou peut-être cette personne se désistera-t-elle si vous lui faites connaî-