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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/578

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ci me faisait appeler pour me demander si je savais dans quelle partie de l’île le général Bonaparte désirait que sa nouvelle demeure fût construite. Je répondis qu’il préférait les Briars. Hudson Lowe m’a dit que cela ne se pourrait pas, que c’était trop près de la ville. Il parait blessé de ce que Napoléon ait refusé de recevoir les commissaires des puissances étrangères. Il m’a demandé si je connaissais ce que les Français désiraient savoir du marquis de Montchenu. J’ai répondu que madame Bertrand désirait s’informer de la santé de sa mère, et que M. de Las Cases devait aller le rejoindre à Hut’s-Gate, et qu’il parais sait très-impatient de savoir des nouvelles de sa femme, ayant appris que le sieur de Montchenu l’avait vue très-peu de temps avant de quitter Paris.

J’ai communiqué à Napoléon ma conversation d’hier avec le gouverneur. J’ai ajouté qu’il m’avait chargé de lui demander quels étaient les lieux de l’île qu’il aimait le plus. Il dit vouloir vous faire construire une résidence plus commode que celle-ci, ou faire ajouter quelques chambres au logement de Longwood, si cette augmentation pouvait suffire. Je lui dis que le gouverneur désirait une réponse : « A questa casa, in questo luogo tristo, non voglio niento di lui. Je déteste Longwood, sa vue seule me donne de la mélancolie. Qu’il me place dans quelque endroit où l’on trouve de l’ombre, de la verdure et de l’eau. Il souffle ici un vent furieux, plein de pluie et de brouillard, che mi taglia l’anima, ou bien il sole mi brucia il cervello, faute d’ombre, lorsque je sors. Qu’il me mette du côté de l’île où est située Plantation-House, s’il pense réellement à faire quelque chose pour moi. Mais pourquoi venir ici me faire des offres qui ne seront pas remplies ? La maison de Bertrand n’est pas plus avancée qu’à son arrivée. L’amiral avait au moins envoyé son charpentier ; il pressait lui-même les travaux. » Je lui répondis que le gouverneur m’avait assuré ne vouloir rien entreprendre qu’avec la certitude de lui être agréable ; qu’il lui demandait un plan pour cette maison ; qu’alors il donnerait à tous les ouvriers de l’île, ainsi qu’à un certain nombre d’ingénieurs, l’ordre de travailler à Longwood. Le gouverneur dit craindre qu’en faisant travailler au bâtiment où vous êtes, vous ne vous trouviez incommodé par le bruit. « Oui, certes, cela me gênerait. Je ne lui demande aucun changement à cette maison bâtie sur un abominable lieu. C’est de l’autre côté de l’île que j’en désire une ; j’y serai heureux si j’y trouve de l’ombre, de la verdure et de l’eau, et si je puis y être à l’abri de ce vento agro. A-t-on l’intention de me construire une maison où je