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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/62

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passage des blessés, elle voulait gagner Brescia ; mais elle se trouva arrêtée par l’ennemi déjà à Ponte-Marco. Dans l’inquiétude, l’agitation du moment, la crainte la saisit, et elle pleura beaucoup en quittant son mari, qui lui dit en l’embrassant avec une sorte d’inspiration : « Wurmser va payer cher les pleurs qu’il te cause ! » Elle fut obligée de longer en voiture, et de très près, le siège de Mantoue. On tira sur elle de la place, et quelqu’un de sa suite fut même atteint. Elle traversa le Pô, Bologne, Ferrare, et gagna Lucques, poursuivie par la crainte et les mauvais bruits qui volaient d’ordinaire autour de nos armées patriotes, mais soutenue intérieurement par son extrême confiance en l’étoile de son mari.

Telle était pourtant déjà l’opinion de l’Italie, observait l’Empereur, et les sentiments imprimés par le général français, qu’en dépit de la crise du moment et de tous les faux bruits qui l’accompagnaient, sa femme fut reçue à Lucques par le sénat, et traitée par lui comme l’eût été la plus grande princesse : il vint la complimenter, et lui présenta les huiles d’honneur ; il eut lieu de s’en applaudir. Peu de temps après, les