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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/70

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Napoléon n’avait à opposer à toutes ces forces que deux cent vingt mille hommes en Allemagne, qui étaient loin d’être tous Français, cinquante-sept mille en Italie, dix-huit mille en Pologne, et un total de quatre cent vingt-cinq pièces de canon. Il avait la diversité des nations contre lui, et quarante mille hommes de moins que le prince Charles, lorsqu’il opéra en Bavière, etc.

« Les deux grandes lignes d’opération du nord et du midi de l’Allemagne sont éloignées de quarante lieues de distance moyenne entre Augsbourg et Bamberg. On peut agir sur chacune d’elles, ou passer de l’une à l’autre ; mais il est difficile et surtout dangereux d’opérer sur les deux à la fois, parce que l’armée ennemie qui se plaçait au milieu des deux lignes pourrait détruire successivement les corps séparés de son adversaire, même avec des forces inférieures, ou deviendrait du moins maîtresse des opérations. L’armée, ainsi placée, arrêterait les mouvements de son ennemi, sur les derrières duquel elle peut manœuvrer. Il résulte de là que les points militaires les plus importants de ce théâtre sont les passages du Danube, surtout ceux où aboutissent les grandes communications, les confluents des rivières qui servent de lignes de défense, ceux qui maîtrisent les deux lignes d’opération, et les défilés de l’est et de l’ouest (Ulm et Passau) ; ensuite viennent les principaux passages, sur les grands affluents du Danube, les capitales, les villes, les nœuds de routes, etc. Parmi celles-ci, le point de Ratisbonne est un des plus essentiels : il devint, en cette occasion, de la plus haute importance pour les deux armées, afin de maîtriser les opérations sur les deux rives du Danube, etc.

« L’Autriche, ayant conservé des relations avec la Belgique et les pays allemands cédés depuis longtemps à la France, espérait les soulever en y faisant pénétrer ses armées. Pour cela les principales forces autrichiennes, réunies en Bohême, et débouchant de ce pays, devaient d’abord suivre la ligne d’opération du Nord par la Franconie. En quinze ou dix-huit marches elles devaient atteindre facilement l’embouchure du Mein. Traversant tous les cantonnements de l’armée du Rhin, elles pouvaient espérer, avec leurs masses supérieures, de les battre en détail, et d’empêcher ainsi les divers corps français du Nord et du Midi de se réunir. C’était un avantage capital ; c’en était un autre considérable que de gagner rapidement du terrain, pour faire déclarer les souverains de la confédération et insurger les peuples. On attribua dans le temps au général Mayer les dispositions militaires de ce plan, qui eut un commencement d’exécution, puisque les cinq premiers corps de l’armée