Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/71

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autrichienne, outre la première réserve, étaient placés en Bohême, tandis que le sixième et la deuxième réserve agissaient seuls en Bavière. Les opérations, qui avaient dû commencer dès le mois de mars, furent ensuite renvoyées au 8 avril.

« Les inconvénients du plan de Mayer n’avaient pas échappé à la pénétration de l’archiduc, dont le grand mérite était de bien connaître son ennemi et son terrain. Pendant que la grande armée autrichienne aurait marché par la ligne d’opération du nord, vers les frontières de France, où elle eût trouvé nos réserves et la défense nationale, le cœur de la monarchie autrichienne, sa capitale même, restaient à découvert devant un ennemi tellement actif, qu’il pouvait des Alpes Noriques y porter encore d’autres corps. Mais cette grande armée autrichienne elle-même était exposée aux manœuvres que Napoléon, laissé maître du Danube, pouvait exécuter sur ses flancs et ses derrières, soit par Straubing, après avoir battu le corps de Bavière, soit en débouchant de suite sur Bamberg, Wurzbourg et Hanau. Le prince Charles n’avait pas oublié la poursuite du Tagliamento jusqu’au-delà de Léoben en 1797 ; surtout la prise de Vienne, une vingtaine de jours après la capitulation d’Ulm, en 1805 ; la destruction des armées prussiennes à Iéna, opérée en quelques instants par une manœuvre de flanc. L’archiduc savait bien qu’il n’avait plus affaire à un Moreau, qui, sans bouger, le laisserait derrière lui aller tranquillement de l’Iser sur le bas Rhin. Le prince sentit la nécessité d’occuper avant tout la ligne d’opération sur la rive droite du Danube : il revint à un projet d’offensive directe, qui le tenait sur le chemin de la capitale, et fit repasser le Danube, à Lintz, par la majeure partie de son armée, ne laissant en Bohême que les premier et deuxième corps. D’après les retards qu’éprouvait le commencement des hostilités, il eut le temps de terminer cette nouvelle disposition.

« Quant à Napoléon, il attend tout des mouvements de l’ennemi. Son but est de battre la grande armée autrichienne et de retourner dans Vienne, pour y dissoudre cette nouvelle coalition, punir l’injuste agression et dicter encore une fois la paix. Son unique disposition préparatoire est de se tenir sur les deux rives du Danube, maître de se concentrer, selon l’occasion, sur l’une ou l’autre, entre Donawert et Ratisbonne. Il attend que les mouvements de l’ennemi soient démasqués, et c’est sur le terrain même qu’il improvisera ses dernières dispositions. Il abandonne tout à fait les montagnes dont il deviendra maître lorsqu’il le sera de la plaine où se trouve le chemin de Vienne, et au travers de laquelle il fera voler rapidement ses masses. Sans s’inquiéter de la