Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/708

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5 novembre 1817. — Napoléou est reste couché très-tard ; il n’a pas reposé cette nuit. Je l’ai trouvé encore dans son lit a onze heures.

6. — Un journal anglais, lu par l’Empereur ce matin, rapporte une anecdote, de laquelle il s’ensuivrait que Talma, lié très-jeune avec Bonaparte, aurait acquitté, un jour, dans une auberge, la dépense de ce dernier[1]. « C’est un mensonge. Je n’ai connu Talma que lorsque je fus Premier Consul. Je le traitai toujours avec la distinction qu’il méritait et comme un homme d’un talent supérieur, le premier de sa profession, sous tous les rapports ; je l’envoyais chercher le matin ; nous déjeunions ensemble. Les libellâtes ont conclu de là que Talma m’apprenait à jouer mon rôle d’Empereur : A mon retour de l’île d’Elbe, je dis à Talma, pendant un déjeuner, au milieu de plusieurs savants : « Talma, ils disent que vous m’avez appris à me tenir sur le trône. Je m’y tiens donc bien ? »

L’Empereur a cité un trait relatif à sa famille. « Un Bonaventure Bonaparte vécut et mourut très-anciennement dans un cloître ; le

  1. Talma a démenti avec noblesse tous ces contes. Il était resté plein de reconnaissance et de respect pour le grand homme qui avait aimé sa personne et récompensé d’une manière éclatante son talent supérieur.