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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/742

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reaux : c’étaient mes caisses. J’en prévins l’Empereur. « Elles sont les bienvenues, me répondit-il, je vais être déchargé du poids de quelques heures. Faites-les descendre dans mon salon, je veux les voir ouvrir. » Elles furent apportées, défoncées ; on en tira quelques livres qu’Aly se disposait à présenter à Napoléon. « Ce n’est pas cela, lui dit ce prince, cherchez, fouillez. Un ballot expédié d’Europe doit contenir autre chose. Ce n’est pas par des ouvrages qu’on débute avec un père. » Effectivement, on trouva bientôt un portrait que lui envoyait le prince Eugène. Il le reçut avec transport, l’embrassa, le contempla longtemps avec des yeux pleins de larmes. « Cher enfant, s’il n’est pas victime de quelque infamie politique, il ne sera pas indigne de celui dont il tient le jour. Mais, qu’avez-vous ? vous ne déballez pas. » Nous étions tous en effet dans une attitude religieuse, nous éprouvions son émotion, nous partagions ses alarmes, nous ne respirions plus. L’opération recommença ; les valets de chambre tiraient les livres, il les passait en revue, et se flattait de rencontrer l’Allemagne, et Polybe : malheureusement ces ouvrages ne s’y trouvaient pas. — Nos caisses avaient été remplies au hasard ; elles ne contenaient, pour ainsi dire, que des