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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/763

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de me joindre ; elle se déploya ; je la poussai, elle se noya en grande partie en cherchant à passer le pont de la Bormida, qui est très-étroit. On pourchassa le reste jusqu’à la nuit.

J’appris, après la bataille, de la bouche de quelques officiers généraux prisonniers, qu’au milieu même de leur premier succès, les Autrichiens n’étaient pas sans inquiétude ; ils avaient un secret pressentiment de leur défaite. Pendant le combat, ils questionnaient nos prisonniers et leur demandaient : Où est le général Bonaparte ? — A l’arrière-garde ; et ceux qui s’étaient déjà battus contre moi en Italie, et qui connaissaient mon habitude de me réserver pour la fin, s’écriaient : « Notre lâche n’est pas encore finie. »

« Ils avouèrent aussi qu’en me voyant sur la première ligne, ils avaient complétement donné dans le piége, et cru que ma réserve était engagée. Dans toutes les batailles il arrive toujours un moment où les soldats les plus braves, après avoir fait les plus grands efforts, se sentent disposés à la fuite. Cette terreur vient d’un manque de