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Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/883

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crée, le Cabinet de Saint-James avait fait assassiner dans de longues et inexprimables angoisses, vingt ans auparavant. Ces restes glorieux, l’Angleterre offrait de les rendre, et cette offre témoignait, il est vrai, de quelques bons sentiments de notre vieille ennemie ; mais il nous a fallu vingt ans de paix pour arriver à ces lueurs d’une justice tardive ; et d’ailleurs, nous rendre un cadavre, est-ce assez nous payer les souffrances du plus grand homme des temps modernes ? Non, non ; l’inflexible histoire veut qu’un jour les ignobles vengeances de Longwood aient un châtiment, et qu’ainsi soient avertis, par la honte de l’Angleterre, les gouvernements qui foulent aux pieds, quand l’intérêt d’un instant le commande, toute justice et toute pudeur.

On avait disposé, dans l’entre-ponts de la Belle-Poule, une chapelle ardente tendue en velours noir brodé d’argent, destinée à recevoir le cénotaphe impérial. Ce cénotaphe, peint en grisaille, était orné de bas-reliefs allégoriques, d’aigles aux quatre angles. Une couronne impériale surmontait le fronton. On emportait deux cercueils, l’un d’ébène, l’autre de plomb, et un poêle impérial.

Le 7 juillet, à sept heures et demie du soir, la frégate mit à la voile.