Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome II.djvu/895

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latérales est ornée au centre d’une N de bronze doré, gravée en relief et incrustée dans un médaillon. Six anneaux de bronze aident à le transporter. Les angles inférieurs sont garnis d’ornements du même métal. La serrure placée à la partie antérieure est masquée par une étoile d’or qu’on enlève en la tournant. Le bas de la clef est de fer, le haut de bronze doré. L’anneau représente une N couronnée. Ce sarcophage d’ébène contenait un autre cerceuil en plomb. Au centre d’un encadrement d’arabesques et de branches de lauriers gravées en creux, on lit cette inscription : Napoléon, Empereur et Roi, mort à Sainte-Hélène le V mai MDCCCXXI.

Le poêle impérial était de velours violet, semé d’abeilles d’or, croisé de brocart d’argent, terminé aux quatre angles par des glands d’or. Sa triple bordure d’hermines, d’arabesques et de palmettes d’or, était de la plus grande richesse. Le chiffre de Napoléon s’y trouvait répété huit fois.

On partit à dix heures et demie de la ville ; on gravit lentement les montagnes. Sur les hauteurs de Rupert’s Valley, le froid devint très-vif. Une petite pluie fine et glacée remplit l’air. La lune était voilée d’épais nuages. Toute cette scène avait un caractère religieux et triste, en harmonie avec les circonstances. De très-loin, on aperçut, à travers l’atmosphère, quelques rayons de lumière. C’étaient les fanaux placés pour éclairer les travailleurs. On descendit alors la route pratiquée le long des flancs de la montagne. On trouvait de distance en distance des postes militaires. A minuit, on arriva au tombeau ; à minuit un quart, les travaux commencèrent. Sous la puissance des leviers, une partie de la grille fut ébranlée. Les dalles déplacées cédèrent, et les pioches, en mordant le sol, le déchirèrent dans une large étendue. La pluie continuait de tomber. C’est au milieu d’une émotion profonde que l’exhumation fut poursuivie[1]. Le prêtre alla chercher un peu d’eau à la source, et se retira dans la tente établie pour la consacrer par les prières de la religion. Il était quatre heures et demie du matin. La pluie et le vent redoublaient de fureur. On distinguait à peine les objets autour de soi. Le succès de l’opération, après beaucoup d’efforts, parut un moment incertain sur le point où elle avait été commencée. La maçonnerie était solide. Elle présentait tant d’obstacles qu’on songea à l’attaquer par une autre direction. Vers six heures du

  1. Voir, à l’Appendice, l’acte d’exhumation et de remise des restes de Napoléon, signé par M. de Chabot et le capitaine Alexander.