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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/104

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plus a un sî haut degré la même impertinence. On se contentait de nous toiser des pieds a la tête, et de rire, ou parceque les souliers étaient sales, la barbe point faite, des bottes étrangeres, les cheveux point peignés, un manteau, ou toute autre chose, qui ne s’accommodait point a leur maniere ; mais au moins oh vous laissait passer ; et même il-y-a plusieurs exemples de gens de la premiere qualité descendant de leur voiture a la vue d’un émigré embarrassé et n’osant s’addresser a personne, lui demander en Français ou il voulait aller, et lui indiquer son chemin ; d’autres, comme la personne que j’ai trouvé, les conduisant a une grande distance ; et enfin ceux qui avaient déjà quelques connaissance des manieres du pays s’adressaient dans les boutiques, et étaient surs d’y trouver quelques égards et des attentions. Mais il-y-a cela de remarquable, que parmi les personnes du commun que l’on rencontrait dans les rues, il n’y en avait pas une qui en passant près d’un Français émigré n’exprimât le sentiment qui l’animait. S’il était royaliste, c’était une plainte en sa faveur, ou quelque chose de flatteur ; s’il était républicain ou Jacobin, c’était une impertinence. Mais apres