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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/120

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il prenait certaine démangeaison de jetter les pots et les plats a la tête de l’orateur, mais devenus prudents par nos malheurs, on se contentait de ne rien dire, et de les écouter en silence, crainte qu’apres cet éxploit on ne fut obligé d’aller chercher fortune ailleurs.

Le gouvernement ne prenait d’autres précautions publiques contre eux, qu’en méttant la Tour a l’abri d’un coup de main. Cependant, plusieures personnes m’ont assuré avoir quelque fois vu des peintres déterminés venir a la table d’hôte, et au lieu de manger, s’occuper a déssiner les plus turbulents. Je n’ai jamais vu cela, mais je le tiens de quelqu’un, qui ayant été pris pour un Jacobin, eut beaucoup de peine a persuader le peintre, qu’il ne l’était pas.

Apres le bill des aliens, ils furent plus modestes, d’autant que le moindre mot suffisait pour leur faire avoir un petit billet doux du Ministre, qui les invitait a s’en aller. Un d’eux, parlant avec un peu de véhémence a table, reçut au milieu de son discours, un billet : "Oh ! oh !” dit-il, “c’est en Anglais ;" ne le sachant pas, il pria son voisin de le lui lire. “Puis je le lire haut ? ” lui dit l’au-