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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/128

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camarade, qui a dire vrai, n’en avait grande envie de poursuivre notre chemin.

La malice entrait bien pour quelque chose dans cette détermination. Il me paraissait si extraordinaire d’être volé en plein jour, entre la capitale et la résidence du roy, que je crois en vérité que le plaisir de le raconter a toute la terre, m’eut empêché d’en être fâché. Mais les voleurs nous regarderent dedaigneusement, et sans nous dire un mot. Des émigrés voyageant a pied ne sont pas le gibier qu’il leur faut.

A travers un pays assez bien cultivé et très varié, nous atteignimes Windsor. Malgré la fatigue de notre longue marche, notre curiosité nous en traîna sur la terrasse. Nous primes tant de plaisir a considérer l’immense vue qui s’offrait a nous, que la nuit nous surprit, il fallut bien nous retirer ; car la nuit, quand on est bien fatigué, la plus belle vue, est celle d’un bon lit.

Le lendemain de grand matin nous retournames sur la terrasse, et après avoir admiré quelques temps la beauté et l’étendue de la vue, le vieux chateau réparé, le donjeon, et la mauvaise statue qui est dans le milieu de la cour, aussi bien que la