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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/187

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vent les souris des dames a qui il parle[1]. Ils ont aussi une maniere de parler d’un homme riche qui leur est particulière ; presque tous les gens du commun disent, He is a great man, et tout le monde

  1. Pour illustrer ce que je viens de dire, voici une petite histoire, que j’éspere le lecteur éxcusera en Français, mais qu’on n’oserait se permettre de traduire mot a mot en Anglais.
    Un fameux chasseur, s’étant égaré dans les Alpes avec Mirza, une favorite chienne de chasse, a la poursuite d’un daim, de la peau du quel, il éspérait avoir une paire de culottes neuves ; suivant la coutume des gens de ce pays, qui communément après avoir attrapé la bête qu’ils chassent, au grand peril de leurs membres, qu’ils leur arrivent souvent de briser, en sautant de rochers en rochers a sa poursuite, la dépècent, en enlevent la peau, et laissent le corps dans les montagnes, leur étant absolument impossible de l’emporter avec eux. Apres bien des sueurs et des fatigues inutilles, il vint un orage terrible, qui lui ota toute esperance de joindre sa proie.
    N’en pouvant plus, et desirant se reposer, et se mettre a l’abri, il se rappella avoir vu dans son enfance une caverne a quelque distance, il s’y rendit ; l’entrée en étant très basse, il fut obligé de s’y glisser sur le ventre ; et y étant parvenu quoique avec beaucoup de peine, il fit un repas copieux des provisions qu’il avait apporté avec lui. Le tems étant redevenu serein, et ayant recruté ses forces, il voulut sortir ; mais helas ! il n’était plus pos-