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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/291

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peine. J’ai peu vu de situation aussi éxtraordinaire que celle de cette maison, qui est au fonds d’une vallée assez étroite, éntourée de rochers perpendiculaires et très élevés : Elle semble être comme un hospice pour passer dans un autre monde ; car l’on croit réélement être a la fin de celui-cy. Cependant notre hôte, nous ayant conduit le long d’un petit sentier pour un quart de mille, nous fit apperçevoir de loin un pont tremblant de quelques pièces de bois a demi-couvert de terre, qui traversait le torrent ; et mettant avec précaution un pied l’un devant l’autre, nous parvînmes a l’autre bord, et grimpant un autre devil’s staircase, nous arrivâmes au devil’s turnpike : En vérité les gens de ce pays ont des noms bien adaptés a la chose, car c’est en effet le pays du diable. Traversant des rochers, des montagnes, des précipices, nous allions avec une pluie averse, qui pourtant fit place pour quelque momens a un temps clair, pendant lequel je vis que le pays n’était pas si desert que je l’avais pensé. On appercevait, a de grandes distances, il est vrai, quelques huttes, et bientôt nous vimes quelques paysans sur la route : Mais ce qui m’étonnait, c’était de les voir s’enfuir a toutes jambes dans les bruyeres, du plus loin,