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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/292

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qu’ils appercevaient les habits rouges de mon chirurgien et du soldat qui l’accompagnait. Je leur en ai demandé la raison, et ils m’ont répondu que les paysans craignaient d’être fait soldats par force, et ayant l’air de se mettre en mouvement comme pour courir après eux, cela redoublait la vitésse des autres, et faisait rire de tout leur cœur mes compagnons de voyage. Le soldat meme fit une plaisanterie que j’ai trouvé déplacée : Un jeune paysan ne s’étant point écarté de la route, passa au milieu de nous ; le soldat nous laissant aller devant, l’arrêta, et tirant un grand poignard ou couteau des montagnes, le menaça (en riant) de le tuer, s’il ne s’engageait. Le pauvre diable s’est mis a pleurer, et même a crier. Entendant du bruit, je me suis retourné, et voyant de quoi il s’agissait, avec un ton de commandement qu’on fait retrouver au besoin, je m’en suis approché, et l’ai fait relâcher ; sur quoi le soldat m’a dit que je ne connaissais pas leurs usages, et que c’était la coutume de faire peur aux paysans.

Jamais l’habit blanc, ne produisit plus d’effet en France, que le rouge dans ces montagnes. C’était un dimanche, et du plus loin que les filles revenant de l’eglise, nous appercevaient, elles s’enfuyai-