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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/71

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vie, fut lorsqu’a la nuit, je me deshabillai, et pour la première fois, depuis bien long temps me couchai sans avoir mes bottes aux jambes. Le délice que j’éprouvai en me trouvant entre deux draps bien blancs dans un bon lit, sans l’embarras des habits, peut mieux se sentir que s’éxprimer ; jamais je ne dormis si bien, mais aussi j’en eus plus de regret a retourner sur ma paille le lendemain.

Bientôt nos cantonnemens furent fixés, et on nous dispersa dans les petites villes et les villages aux environs de Maestricht, ou vraisemblablement nous serions réstés tout l’hiver, si les patriotes ne se fussent avisés de battre les Autrichiens a Jémappe ; quelque temps après cette fameuse bataille, nous reçûmes ordre tout à coup, de nous rendre en trois jours, dans le pays de Juliers, chez l’Elécteur Palatin ; notre marche n’était nullement prévu par les habitans ni ordonné par le souverain, ainsi vous pouvez aisément juger de l’éxtrême désordre. Cependant comme il n’eut pas été très prudent de refuser les vivres a un corps nombreux, on nous promit de nous en donner, et nous cheminames avec une difficulté incroyable,