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Page:Latocnaye - Promenade d’un Français dans la Grande Bretagne, 1795.djvu/72

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au point que nous étions-arrêtés aux barrières, et qu’on voulait nous faire payer les droits. Je laisse à penser, si jamais on s’était avisé de faire une pareille demande aux individus d’une armée marchant a leur drapeaux. Nous arrivâmes a Rannerak, dont les pauvres habitans épouvantés ne firent aucune difficulté de nous fournir le logement et les vivres ; mais un ordre vint bientôt de Juliers de ne rien fournir du tout, sans être payé d’avance, ce qui a dire vrai n’était pas une chose aisée pour le grand nombre d’entre nous, aussi nos hôtes fatigués, refuserent t-ils de rien fournir même pour de l’argent, et nous ne vécûmes jusqu’au moment du licentiement, que sur le peu d’argent qui réstait a la bourse du corps, et dont on acheta, un petit magazin de fourage et de farine. Enfin ce coup décisif arriva, on nous donna la liberté d’aller ou nous voudrions ! ce moment, quoique prévu depuis long temps, fut horrible, la misere, montrant sans voile sa tête hideuse, éxcita le déséspoir de plusieurs de nos malheureux compatriotes qui trouverent la fin de leur maux, soit dans la Meuse ou le Rhin. On ma conté, que deux freres après s’être embrassé sur le pont de Liege,