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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/102

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L’ÉCRIN DU RUBIS

l’aiguillon de ce qu’ajoutait pour notre imagination le pervers contraste de sa rayonnante nudité offerte au divin sacrifice avec le retroussé de mes élégances cachées dont la vague chatoyante la couvrait à demi de ses écumes diaprées, « nos mignons doigts roses », récitant le poème d’Edmond Haraucourt :

.........nos mignons doigts roses
Allaient, couraient, venaient, faisaient de courtes poses
Comme des papillons voltigeant sur des fleurs.

Quand nous eûmes saoulé nos désirs, le frou-frou de mes jupes chiffonnées par la lutte, d’une petite tape de ma main répara son désordre et Arabelle se leva.

Au pied du lit gisaient, tels les pétales d’une rose blanche effeuillée, les précieuses pièces de sa corolle de batiste et de soie qu’avec mille tendresses j’avais détachées une à une, après m’être longuement oubliée dans leur parfum. Passive comme une icône sacrée devant la prière dévotieuse du fidèle, elle avait ouvert au silence de mon oraison amoureuse les stations de l’extase dans la sphère de ses voiles.

De la pointe de sa mule de satin rose, elle ramassa le pantalon béant sur l’écroulement de ses volants de vieil Alençon. Délicieusement impudique ainsi nue, avec ses