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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/103

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L’ÉCRIN DU RUBIS

bas fleur de pêcher, brodés sur le côté d’une guirlande de roses noires, et retenus par une jarretière de Chantilly à fermoir d’améthyste, elle se dirigea d’un balancement voluptueux de ses hanches vers son petit bureau Louis XVI, prit un carton de bristol et écrivit :

« 12 juin 19....

« Ô forme séduisante de l’étau satiné de mes cuisses, garde-moi le souvenir de la belle jeune fille qui, sur les bords de ta conque posant ses mains tremblantes, a plongé son visage extasié dans les profondeurs de ma chair la plus secrète ; garde-moi l’image de nos calices échangeant leur parfum par la porte que tu ouvrais à la rencontre de leurs corolles. »


Et dans un angle de la carte, elle inscrivit mon nom. Le lendemain, comme on tourne les pages d’un album de souvenirs, nous nous penchâmes toutes deux sur l’évocation embaumée de ses amours et de ses folies. Tirant de leurs tiroirs quelques-unes de ses plus élégantes parures où s’étaient enclos les frissons des plus étranges voluptés, Arabelle se complut à en revivre avec moi, à travers le désir dont je l’enveloppais, toutes les circonstances qu’avait fixées pour chacune le petit papillon qui s’y trouvait piqué par une faveur. Véritable don Juane, ses vingt-cinq ans comptaient autant de conquêtes qu’en avait fait le beau Lauzun dans le cours de