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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/105

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L’ÉCRIN DU RUBIS

chant des mains, de la bouche et des yeux l’insaisissable image des jouissances qui y avaient crié leur délire.

Je ne sais combien de temps se prolongea ma pâmoison, le visage dans le remous des blanches écumes de dentelles, insinué dans les gaînes béantes comme autant de cuisses ouvertes au plaisir, humant, mordillant et muguetant les lisières où les profondeurs suaves du péché avaient mis leur arôme. Arabelle lentement avait glissé à mes pieds, au bas du lit sur lequel j’étais à moitié ployée, et s’engouffrant sous mes jupes, ses brûlantes caresses m’anéantirent dans une écrasante félicité. Quand je revins à moi, sa belle tête d’ange mêlait ses boucles fauves à ma toison d’ébène, sous le baldaquin de mes jupes que de ses bras elle exhaussait au-dessus d’elle.

Le chapelet de mes délectations moroses dont j’égrène dans ces pages les dizains, conduit mon souvenir fervent d’Arabelle à une fort jolie Viennoise que j’ai connue au cours d’une saison à Baden, quelques années avant la guerre. C’était une blonde cendrée dont le visage avait toute la fraîcheur de coloris d’un pastel de l’école anglaise du xviiie siècle, et le corps menu, mais de proportion parfaite, toute la grâce maniérée et fragile d’un petit Saxe.

Je fus bien vite l’objet de sa recherche, et je reçus