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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/104

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L’ÉCRIN DU RUBIS

sa vie. Des fragiles batistes, des chatoyants pongés de soie, des satins les plus lumineux où les précieuses dentelles mariaient la grâce de leurs dessins à la diversité piquante de la coupe, surgissaient pour elle les visages aimés qui avaient incliné leur ravissement sur le fouillis de ses jupes, qui lentement ensuite à travers l’obstacle de ses voiles, parcourant de baisers sa peau frémissante, étaient venus expirer sur sa bouche, dans le froissement des jupons et des robes retroussées, les chairs fondues depuis la jarretière par dessous les volants chavirés du pantalon, les sexes s’entre-pénétrant dans l’écartement de son ouverture.

Toutes les splendeurs de son linge défilèrent sous mes yeux avec leur légende amoureuse. Arabelle achevait entre deux baisers les confidences de chacune de ses parures. Quelques-unes portaient la trace de la passion des étreintes dans la lacération de leurs dentelles ; toutes gardaient dans la mâchure de l’ourlet du pantalon, dans quelques macules, dans le chiffonnage des volants l’empreinte odorante des cuisses qui s’y étaient trémoussées sous la houle du plaisir. Le capiteux bouquet des essences les plus fines et les plus pénétrantes dégagé de cet amoncellement de voiles de toutes nuances qui détenaient le mystère d’une forme corporelle et contaient les préméditations sensuelles qui y étaient attachées, les luxures qui s’y étaient assouvies me plongea dans une ivresse folle. Je me laissai choir sur ce fouillis voluptueux, cher-