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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/116

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L’ÉCRIN DU RUBIS

vue, ainsi qu’une chatte au soleil, nonchalamment allongée sur le flanc, dans l’excitant désordre d’un tea-gown de satin Nattier à longue traîne de Cluny ouvert jusqu’à la ceinture, étalant sur le brocart d’un jupon de dessous, la charmante impertinence d’une étroite culotte de soie bouclée au genou à la manière des petits-maîtres, et dont je rabattis sur les cuisses gaînées de Chantilly les deux pans qui s’ouvraient sur les côtés par une échelle de ruban vieux bleu.

Sous le ruissellement lumineux des girandoles de cristal, je l’ai vue une fois dans toute la grâce de sa nudité, svelte, élancée, la croupe cambrée sur ses jambes divinement fuselées, les seins pointant la rigidité de leur fraise, la peau d’un blanc lilial. Une de ses amies les plus intimes, — une jeune fille de la société anglaise mêlée depuis à un retentissant divorce, — remplissait ce soir-là, le rôle de l’officiante. Lentement elle se mit à la déshabiller avec une telle tendresse, une application si dévotieuse de ses mains, que ce me fut une nouvelle révélation du sortilège que la Femme enferme dans sa toilette. Tout ce qu’il y a de voluptueux dans l’attirail de notre beauté, ces émois profonds qui me saisissaient au frôlement d’une jupe et aux attouchements, ce plaisir confus que je prenais aux soins de ma mise, à la caresse des tissus sur ma peau et à l’odeur dont ils s’imprégnaient, la délectation où s’alanguissait ma rêverie au souvenir des larcins de ma curiosité sous l’envol ou le retroussis