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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/123

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L’ÉCRIN DU RUBIS

billée, ceux-là enfin qui, admis à ses faveurs, se donnant l’ineffable volupté du coup en robe, se sont roulés avec elle dans les ondes de son linge éblouissant, se sont abîmés sous son étreinte dans le mystère de ses voiles, sous ses flots déchaînés de dentelles et de rubans, ont possédé sa chair palpitante à travers tout ce qui en faisait le secret, ceux-là peuvent aller rendre grâce aux dieux.

S’il y a dans la jambe tant d’aveux, on comprend que la Mode l’ait, pendant des siècles, protégée contre l’indiscrétion des regards. Et ce n’est qu’une confirmation de plus de tout le privé dont elle est l’expression, que des peuples voluptueux aient fait du membre inférieur le siège de la pudeur, tels les Chinois, dont les femmes ont le pied expert aux caresses manuelles, ou les Espagnols chez qui ce fut longtemps une loi de l’honneur que même le pied fût exactement caché sous la robe.

Et ce n’est point un paradoxe, mais bien plutôt l’effet d’un juste sentiment de la volupté que le pays qui pratique les danses les plus lascives soit aussi celui qui s’est montré chatouilleux en amour au point de faire de la jambe un secret d’alcôve. De cette rigueur qui faisait répondre par la Cour de Philippe IV à un fabricant désireux de faire hommage à la reine Elisabeth des plus