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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/126

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L’ÉCRIN DU RUBIS

nue du luxe dont elle la parait et de toute cette superposition d’enveloppements féeriques qui ouvraient à son regard et à sa main un monde d’illusions sans cesse renouvelées par les créations de l’élégance.

J’ai eu là-dessus des confidences de Madrilènes du grand monde. Mises en confiance par le spectacle que je leur ménageais parfois d’un scandaleux retroussé sur des merveilles de lingerie, elle m’avouaient qu’il n’était plus vives délices pour elles que de s’abstraire devant leur psyché dans le vertige sensuel que leur donnait l’écrin somptueux où elles couchaient le rubis que la nature a enchâssé au chaton de nos cuisses. Rien ne leur égalait l’ivresse qu’elles éprouvaient à jouir d’elles-mêmes dans les métamorphoses de leurs dessous. Elles les confondaient tellement dans leur pensée avec l’attrait charnel, que l’une d’elles me confessait que le mot seul lui était une sensation délicieuse. Comme Restif pour un joli pied falbalisé, elle se pâmait au toucher d’une pièce de lingerie. Je l’ai surprise chez moi, excitant son imagination sur les fragrances d’une culotte que je venais de quitter et mâchant dans son délire l’Irlande qui en volantait le poignet sous la large soutache d’un ruban de soie bouton d’or. On eût illustré d’après elle cette page de Monsieur Nicolas dont le geste de cette