Aller au contenu

Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
L’ÉCRIN DU RUBIS

son respect m’avait donné à croire que ma vue ne la mettait point en tentation.

Une nuit je la châtiai avec violence d’une témérité qui ne me trouvait pas dans les mêmes dispositions qui lui avaient valu ce soufflet. On sait quel piège est la chambre de la Femme pour les âmes sensuelles chez qui les odeurs sont si puissamment évocatrices de souvenirs, de formes corporelles et de voluptés. Comme Gœthe, qui, amoureux de Mme de Stein, emportait d’elle dans ses voyages un corsage où la traînée de l’aisselle éveillait leurs meilleures heures, Jean-Jacques fouettait ses désirs des senteurs du cabinet de toilette, et Casanova eût donné le ciel pour ce qu’a d’intime, de parfumé et d’ensorcelant la chambre à coucher d’une belle. Conchita en eût fait ses délices de Capoue. Ce lieu où s’accomplit le mystère et qu’une mère sévère avait interdit à ses curiosités qui trahissaient une précoce propension à la mollesse, l’avait toujours harcelée de ses fantômes séduisants, du silence feutré de ses tapis, du secret de ses plombantes tentures, où,

Plein d’odeurs le lit défait s’ouvrait dans l’ombre.

Elle y avait d’indicibles émois à se baigner dans cette atmosphère capiteuse d’essences musquées et d’âcres effluves corporels.

À pas de loup, ombre dans un maillot noir, elle s’était