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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/136

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L’ÉCRIN DU RUBIS

introduite dans la pièce, puis se mettant à genoux dans la ruelle du lit, de ses mains gantées également de soie noire, elle avait avec mille précautions débordé la couverture et lentement glissé sa tête sous le drap. Si doucement qu’elle eût fait, je m’étais réveillée, mais je ne bougeai pas. Couchée sur le côté, je tournais le dos à sa lubrique entreprise. Après s’être immobilisée un instant pour laisser à mon sommeil le temps de se faire à la sensation de sa présence, elle rentra ses bras à leur tour et relevée sur ses jambes coula son visage jusqu’à l’endroit que j’occupais. Alors dégageant peu à peu ma chemise de sous moi, elle la remonta sur les reins et mit à nu mon derrière dont une investigation féline de ses doigts lui éclaira la diabolique pose où il s’offrait à elle, une jambe allongée et l’autre par-dessus en chien de fusil. Avidement sa face se pencha sur la brêche close de ma chair que martelait de son feu son souffle précipité. Parcourant d’un odorat exercé qui lui valait les sensations du toucher et de la vue, le vertigineux abîme du plaisir,

Fesses, traîne adorée de l’impudeur,
Fesses et leur ravin d’ambre rose un peu sombre,

elle s’y grisa longuement des fragrances du péché. Anéantie par l’ivresse sa bouche s’égara en un imprudent baiser au plus caché de ma personne. Je fis mine alors de me réveiller en sursaut, et avant qu’elle n’ait pu