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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/139

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L’ÉCRIN DU RUBIS

dentelles le long des jambes et les froissements des moires et des satins dans le tourbillon des jupes frémissantes.

Ainsi que le papillon qui se pose ou l’abeille qui butine j’allais de fleur en fleur, dans ce magnifique parterre où toutes les espèces mariaient sous le soleil des lustres de cristal, leurs scintillantes corolles. Je passais des plus royales aux plus humbles, d’une Impéria enroulée dans la pourpre de la majesté romaine, d’une Pompadour perdue dans les draperies de son panier de brocart, ou d’une Merveilleuse dessinant sa nudité sous la transparence d’une tunique grecque fendue sur un maillot chair, à la jupe espiègle de Colombine ruchée de rose sur son bas noir, à la culotte polissonne d’un Chérubin insexué, ou au domino couvrant de son incognito l’amplitude d’un juponnage froufroutant. De l’une à l’autre, ma main voltigeait, s’ouvrait à travers les corolles rosacées des passages clandestins, se posait au bord des tendres calices, se délicatait au velouté des pétales qui en couronnaient l’entrée, pendant qu’effleurant de mes lèvres une épaule d’un laiteux d’opale, je buvais l’arôme vertigineux de son aisselle ombrée.

La cohue rendait mes attouchements téméraires. Me faufilant aux endroits où la foule engorgée formait galerie autour des sarabandes et des cortèges, la tête chavirée par le fumet des émanations corporelles suant