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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/144

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L’ÉCRIN DU RUBIS

Bas rouges insolents et superbes, bas noirs impudiques et pervers, bas perle discrets et réservés, bas roses pudiques et effarouchés, bas héliotrope raffinés et sensuels, bas tourterelle timides et languides, bas verts fantaisistes et décadents, bas bleus doux et voluptueux, bas blancs chastes et trompeurs, aguichant leur cambrure des mille fantaisies coquettes et libertines du soulier de brocart, du cothurne enrubanné, de l’escarpin falbalisé, de la botte et de la demi-botte ajustées comme un gant, passaient à deux doigts de mon souffle, orgueilleux ou superbes, audacieux ou provocants, indifférents ou effacés. Les jambes, les unes éclipsées depuis la cheville sous les nuages moutonnés d’une queue royale, d’autres découvertes jusqu’au genou noyé dans une ondulation de volants, celles-ci affichant leur effronterie par delà la jarretière sous une robe ballonnée, celles-là trahissant la chair à la lisière d’une culotte courte de satin, d’autres encore jusqu’au plus haut par l’envergure d’un pantalon de soie ou de batiste taillé droit ou à large sabot de dentelles, sans fin comme les flots d’une mer soulevée, jambes plates et jambes rondes, boulottes et flutées, maigres ou à point, jambes sages et jambes folles, spirituelles et sottes, bourgeoises et patriciennes, jambes majestueuses et jambes bonnes filles, jambes troublantes et jambes décevantes, jambes suggestives, jambes savantes, jambes de trottoir et de boudoir, jambes catins ou jambes de madone, roulaient sur moi, avec