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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/149

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L’ÉCRIN DU RUBIS

ment accolées. Quelle ivresse m’envahit soudain dans la tiède lumière et le recueillement que je sentais descendre de ce dôme de blancheurs mystiques où se rivaient mes yeux concupiscents. ! Pour m’enfermer davantage dans votre prison de soie et accroître peut-être mon plaisir et le vôtre du sentiment d’une faute sans témoin et d’un bonheur sans partage, vous avez étiré sous vous le fond de votre robe, ramené d’une tape légère l’ampleur de ses godets, et tendu à mi-jambes le volant qui la bordait.

Et me voici à présent, cherchant à analyser mon égarement pour en revivre la joie, et ne trouvant qu’une juxtaposition de mots si loin de rendre les délices de ce Paradis de fluidités « teintées d’azur, glacées de rose », empli de ces « parfums chargés de nonchaloir », sous le dôme de votre toilette d’astarté blanc brodé d’argent. Je ne sais quel délire j’éprouvais à penser que je vous surprenais moins dans votre chair que dans les images que vous aviez associées au soin de votre parure, dans les gestes qui avaient accompagné votre plaisir alors qu’assise au bord de votre lit vous aviez enfilé, dans l’espoir peut-être de la séduction de ce moment, cette paire de bas aux rehauts de dentelle ancienne, et que, debout, après avoir chaussé vos pieds fluets, vous aviez passé, en suivant devant votre miroir toute la grâce polissonne de ce mouvement, ce pantalon de crêpe de Chine qui, par delà sa double collerette de haute et