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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/150

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L’ÉCRIN DU RUBIS

vieille Valenciennes se ramassait dans l’aine en mille plis insolents.

— Je sens votre regard qui me brûle et me pénètre, avez-vous murmuré.

Votre corps s’est tendu, vos reins ont fléchi, votre ventre bridé par une gaîne dont les jarretelles à agrafes d’or étiraient le bas comme un maillot, s’est animé d’un rythme lent. Vos jambes se sont évasées dans un mol glissement ; et mettant en liberté la fine manchette de leurs Valenciennes, elles ont ouvert à mon regard l’angle des clandestinités que barrait un trait crêpelé de jais sur l’échancrure de la soie de Chine.

Un volume ne suffirait pas au florilège dont la jambe de la Femme a été l’objet de tout temps. Pour la joie des yeux et du toucher, elle est sans pareille ; habillée et dissimulée sous les robes, elle est, à elle seule, presque toute la volupté, et il faudrait en parler autrement qu’avec des métaphores poétiques qui, si brillantes soient-elles, glacent la sensation qu’elles voudraient éveiller. Pour en exprimer le charme souverain il n’y a que le pinceau d’un Fragonard, dans les Hasards de l’Escarpolette, ou celui des petits-maîtres qui se sont complus aux intimités du boudoir, aux grivoiseries des embarquements pour Cythère, et aux indiscrétions de