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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/151

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L’ÉCRIN DU RUBIS

la rue ; ou mieux encore le crayon libertin de la pléiade d’artistes sybarites qui, tout au long de la Vie Parisienne, ont écrit avec une joie dionysienne, comme dirait M. Uzanne, l’histoire polissonne du déshabillé féminin.

Ce n’est pas l’époque de la robe courte qui en aura écrit la page la plus licencieuse et qui aura pour la première fois rehaussé d’une mouche noire la blancheur grassouillette de la cuisse, dans le piquant hiatus d’un pantalon de batiste. Le xviiie siècle en posait aussi plus bas que le visage et la gorge, et c’est d’une jarretière perdue au bal de la Cour par la comtesse de Salisbury que naquit un ordre royal dont le symbole libertin vaut bien celui de la Toison d’Or. On sait les spectacles de jambes et de grèves qui se donnaient à la Cour de Catherine de Médicis dans les parades costumées où des cortèges et des quadrilles de beautés choisies évoluant en des travestis à la Nymphale faisaient dire à Brantôme que « la monstre d’une belle jambe et d’un beau pied est fort dangereuse et ensorcèle les yeux lascifs à l’amour. »

Qui s’y prit davantage que Restif de la Bretonne ? Encore adolescent il n’en avait que pour eux. — « J’observe, lui disait la sœur Augustin, que vous regardez plutôt mon pied que mon visage ou ma gorge. Ha ! que ce goût annonce de volupté ! Les femmes vous perdront, petit coquin, car, avec ce goût-là, toutes inspirent, laides et jolies ». — « Aucune femme bien chaussée ne peut être laide », avait également déclaré un honorable