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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/159

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L’ÉCRIN DU RUBIS

violent que j’avais trouvé à jouir par surprise des secrets de mon sexe.

Un jour je me vêtis de la plus fine parure de lingerie, sous une robe de mousseline de soie ciel, recouverte d’une tunique faite de volants de dentelles rebrodées. La chemise de batiste d’Irlande dont un ruban de satin cerise formait l’épaulette et qu’un autre fronçait légèrement à la poitrine, était décolletée en berthe de Malines. Le pantalon à double volant de la même délicate dentelle relevé sur les côtés par des choux de satin, balançait mollement la transparence nacrée de ma peau, au-dessus du genou où scintillait une agrafe de rubis dans le coquillé de Valenciennes d’une jarretière ajustant un bas de soie azur incrusté de Chantilly. J’avais pris place avec une amie à l’un des plus bas gradins afin d’être une tentation plus grande aux amateurs de friands dessous et j’avais eu garde que ma chaise fût à cheval sur une large claire-voie du plancher.

J’eus bien vite à mes pieds, c’est le cas de le dire, tous les galantins de la ville à qui m’avait tout de suite désignée l’élégance de ma toilette. Sans paraître m’apercevoir de leur manège, qui les faisait se presser dans le champ de ma robe, je m’appliquai par toutes sortes de poses bien choisies pour mettre en valeur mes séductions, à donner à chacun le regret de n’être pas seul à jouir d’un coup-d’œil qui valait bien l’alcôve d’une princesse. Ils en vinrent même à trouver dans leur plaisir