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Page:Lauris - L’Écrin du rubis, 1932.djvu/160

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L’ÉCRIN DU RUBIS

une telle gêne réciproque, qu’un à un ils en firent le sacrifice. Seul un gamin de quinze ou seize ans était demeuré, figé dans son extase. Je l’en récompensai en redoublant d’habileté pour qu’il n’eût plus rien à souhaiter de la vue d’une jolie femme en son déshabillé. Et pendant que je lui livrais, dans un secret partage de son bonheur, tous les trésors de ma personne et que j’ouvrais à son imagination le jardin des félicités, je vis son regard s’alanguir étrangement, tandis qu’un peu las, s’affalant contre un pilier, le gentil chérubin retirait de la poche de sa culotte une main désabusée.

Les Merveilleuses qui, sous l’influence d’une mode gréco-romaine, poussèrent un moment l’audace du déshabillé jusqu’à la suppression de la chemise, comme ont fait certaines de nos excentriques abusées sur les effets du décolleté à grande peau, se gardèrent de méconnaître, dans leur zèle à se mettre nues, tout l’esprit d’un voile placé au bon endroit. Si la décence leur fit évidemment obligation de se protéger sous une robe de mousseline qui était leur seul vêtement et laissait apercevoir les jambes et les cuisses embrassées de cercles d’or et de diamants, il est certain que le pantalon dont elles inaugurèrent la mode visait à des fins moins morales. De soie légère et couleur chair, exactement collant et garni au